Il y a des matins ou le décalage entre le monde et moi se fait sentir… Ce matin en est l’exemple parfait. Mais commençons tout d’abord par poser le décors de la veille, voir peut être mieux ; resituer de manière pédagogique le contexte :
L’équipe Communiqu’Ethique c’est réuni hier soir sur notre serveur audio, pour ce qui devait être une réunion de travail sociocratique, avec pour ordre du jour un programme très précis, dans la lignée des travaux en cours… Mais d’équipe il n’y a point eu… L’appel du barbecue a dû provoquer en début de soirée des amnésies passagères au sein des membres du collectif. Communiqu’Ethique ne bénéficiant pas des cinq semaines de congés payés par an ( le monde ne faisant pas de trêve de la connerie en période estivale ), nous avons donc décidé avec Esmée (seule présente a l’appel), de faire comme si de rien n’était et d’assouvir notre soif d’intelligence collective commune. La traditionnelle réunion du lundi a donc bien eu lieu hier soir, et ce, jusqu’à tard dans la nuit… ( Réunion productive et utile de surcroit, n’en déplaise aux médisants du travail collaboratif sur internet…)
Mais c’est toujours au moment de tout fermer, plier l’écran et ranger le bureau, que l’on s’aperçoit qu’une broutille reste a faire. La raison voudrait que la broutille en question patiente jusqu’au landemain, mais c’est en fait une tout autre réflexion qui l’emporte souvent : « c’est bon c’est ouvert, j’en ai pour deux minutes à le faire, sinon après, c’est mort, en bon poisson rouge je vais oublier. » Donc, pour pousser le vice légèrement plus loin que le simple « couché tard » dû a cette réunion, j’ai encore voulu prolonger l’activité du jour en empiétant ( un peu ) sur le jour du lendemain. ( Je conçois volontiers que le « un peu » ne soit pas très criant d’honnêteté… ) Quelques bricoles plus tard, fatigue se rappelant aimablement à ma déraison, je me couche enfin, avec pour dernier dilemme le réglage du bourreau… 6h30 ou 6h45 ? 6h30 me laisserait le temps d’un réveillage difficile mais en douceur… 6h45 c’est plus violent, faut faire vite, mais je gagne un quart d’heure… « Il est… ouf c’est flou… 4h13…Ah… j’pensais pas quand même…bon… 6h45. »
C’est ce matin au réveil que j’ai réalisé le poids de la sentence… Esclave du « système fric », je devais a l’instant et sans aucune motivation violemment me lever ( les 6h45 programmés s’étant bizarrement prolongés jusqu’à 8h03 ), alors que mon corps estimait à raison que j’avais largement fait ma part de taf depuis la veille… N’ayant pas à culpabiliser de feignantise concernant mon emploi du temps, il a été super difficile de commander à mon cerveau des ordres psychomoteurs dans l’optique « d’aller travailler », alors qu’il était encore en pleine overdose…
Quel priorité ? Couché tôt ? Couché tard ? Œuvrer pour donner à nos enfant l’espoir d’un avenir serein, changer le cours des choses et peser de tout son poids pour que les utopies d’hier soient les projets de demain, voilà ce qui a de l’importance a mes yeux ! Jouer mon rôle de père, voilà ma priorité : offrir ce qu’il y a de meilleur à mes enfants. Non non le meilleurs, ce n’est pas d’avoir une jolie maison, un joli mariage, une famille unis (c’est loupé…), des diplômes pompeux, un job en « or » et un cancer au bout !! Non franchement pour moi le meilleur, c’est bien d’autres valeurs ! Alors oui je choisi : couché tard ! Sinon comment dire à mes filles qui demain vivront peut être dans un monde dépourvu de sens, d’humanité, une monde ou « travail et survie » feront écho à « glauque et morbide » : « Pardon les filles, je n’ai rien pu faire pour vous offrir autre chose que cette soupe nauséabonde, il fallait que je me couche tôt le soir pour être en forme « au travail » le lendemain matin…. »
Le réveille sonne quand même, voilà tout le dilemme d’un monde qui ne reconnait la « valeur travail » que par l’argent. Mes heures sup’ de la veille ne comptant pas pour la société marchande, quand bien même elle changeraient le monde, il m’a fallut obéir (certes en retard) a cette ordre abruti bien systémique d’aller « gagner sa vie »…Je ne sais pas si j’ai réellement quelque chose a y gagner, en tout cas, ce bas monde a perdu le sens des réalités concernant la notion de taf…il est 8h07 et j’ai une furieuse envie de me recoucher, après en avoir collé une a mon réveil …
Mais j’ai obéis et c’est peut être cette notion d’obéissance qui m’ennuie le plus ; je suis allé bosser. Il y avait pourtant tant a faire aujourd’hui…
Cet ennemi qu’est le réveil pour le symbole qu’il représente… C’est chargé comme image mine de rien.
Et toutes ces petites choses qui restent à faire, à défaut de pouvoir attaquer les grandes parce qu’on bosse le lendemain, tous ces petits actes chronophages, pourtant tellement importants dans le huilage du quotidien activiste, tous ces petits riens qui facilitent la vie et qui, à terme, font gagner du temps, justement, de l’énergie ( s’agirait pas de tomber en panne sèche…), de la patience…
Et puis, en dehors de ces petits riens, tout le quotidien qui se doit d’être là quelque soit le temps pris pour construire autre chose…
Parce que, dans cette lutte, dans cette construction, il n’est pas simple non plus de ne pas perdre les gens qui sont notre quotidien, pas simple de ne pas perdre de vue ceux qui nous sont chers, même si c’est le fil rouge et qu’ils sont les motivations qui nous poussent.
Bien que ma part dans « le changement pour un monde meilleur » soit pour l’instant que grain, je comprends néanmoins que nous sommes en effet encrés dans un engrenage dont il est très difficile aujourd’hui d’en sortir… Pendant longtemps je me suis questionnée sur la vie en général, notre société, mais, comme beaucoup, je ne posais pas les questions comme il fallait. Aujourd’hui j’ai compris : ce n’est pas « Quand » mais « Comment ». Ce n’est pas « Quand est-ce que le mode « Métro-Boulot-Dodo » va s’arrêter » mais plutôt « Comment la société peut-elle arrêter d’être contrôlée par le temps? », « Comment faire pour que chaque homme et chaque femme puissent jouir de leur temps comme ils le souhaitent afin de pouvoir vivre chacun(e) la vie comme ils veulent la mener? », « Comment ne plus être des robots? »… Par ces nouvelles interrogations j’arrive aujourd’hui à trouver peu à peu des réponses, notamment grâce aux sites comme « Communiquethique ». Alors, ALLONS-Y!! ARRETONS TOUS NOS REVEILS!!! ET QUE LES YEUX S’OUVRENT… SUR LA VIE TELLE QU’ELLE POURRAIT ETRE…